Faire son deuil : 7 clés pour traverser ce moment difficile

Prendre le temps nécessaire pour accepter le décès d'un être cher.

Nous sommes tous confrontés, un moment ou un autre, à une période au cours de laquelle nous devons faire notre deuil

Comment accepter la nouvelle situation ?

Comment gérer les inévitables moments  de détresse qui nous inondent ?

Comment recevoir et appréhender toutes les émotions négatives qui nous submergent alors ?

Quelles pistes pouvons-nous trouver pour mieux vivre, malgré le changement de situation ? Malgré le chagrin qui nous atteint et pourrait nous détruire ?

Qu’est-ce que « faire son deuil »

Si l’on se réfère à l’étymologie du mot, on se rend vite compte que deuil et douleur ont la même racine latine.

En effet, le mot « deuil » désigne à la fois :

– la perte d’un être cher – sa disparition irréversible, sa mort

et

– la douleur – le chagrin, la tristesse – qui lui est consécutive.

L’expression « faire son deuil » peut être utilisée également, pour évoquer la période pendant laquelle on « porte le deuil », le temps pendant lequel, par des signes extérieurs (tenue vestimentaire, couleurs sombres…) on montre que l’on est touché par la disparition d’un être cher. Au cours des siècles passés, il y avait des codes particuliers pour cela dans nos sociétés. Aujourd’hui, il n’est plus coutume de porter des tenues et des couleurs particulières lorsque l’on a perdu quelqu’un.

Il semble même, au contraire, qu’il est mieux de ne rien montrer.

De la pudeur ! De la pudeur ! C’est ce que la société semble demander : on ne se plaint pas, on ne montre pas nos doutes, nos failles, nos détresses, nos accablements. On reste froid, dans les tristes circonstances.

En conséquence, l’expression « faire son deuil » revêt seulement le sens de « traverser la période de chagrin qui suit la disparition définitive (par la mort) de quelqu’un que l’on a profondément aimé ».

Aujourd’hui, faire son deuil ne correspond plus à une période imposée et obligatoire. De plus en plus, cette expression est assimilée à l’idée d’aller vers l’acceptation que quelque chose est perdu. L’expression s’est donc étendue à toute situation qui change et nous propulse soudain dans des conditions totalement différentes et difficiles, de nouvelles conditions que nous devons accepter.

Les multiples raisons de faire son deuil

Nous avons donc toutes sortes de raisons de faire notre deuil. Il y a cependant des deuils plus importants que d’autres : c’est pourquoi je vais parler

  • des petits deuils comme, par exemple, une situation perdue que l’on regrette, un emploi ou un lieu que l’on quitte… C’est déstabilisant, certes, mais ça conduit souvent à du positif.

 

  • et des grands deuils. Dans cette situation-là, en général, il est beaucoup plus difficile d’accepter les choses. Si nous considérons que nous sommes en deuil, c’est que c’est pour nous une énorme souffrance émotionnelle.

Faire son deuil d’une situation perdue

On regrette une situation perdue, comme par exemple

– le départ d’un enfant devenu adulte et qui quitte le nid : il est parfois difficile d’accepter que nos enfants grandissent. Nous devons savoir, comprendre, assimiler qu’il est bien que nous en fassions des êtres autonomes. Capables de vivre par leurs propres moyens, de réfléchir à leur propre vie, à leurs souhaits. Simplement capables d’être heureux sans nous.

– un déménagement suppose que nous quittions des voisins (que nous avons aimés, avec qui nous avons créé des liens), des amis et des personnes qui nous entouraient lorsque nous y vivions. Mais nous avons toujours la possibilité d’organiser des rencontres avec ceux qui restent nos amis. Nous avons aussi la chance de pouvoir créer de nouvelles relations, de faire de nouvelles rencontres : chaque nouvelle amitié permet notre propre enrichissement.

Dans ces deux cas, il nous faut davantage accepter la nouveauté que faire un deuil. C’est un travail d’acceptation, finalement, et non pas de regrets : la situation a changé pour le meilleur.

Faire son deuil d’une activité professionnelle

Les raisons peuvent varier :

– Cela peut être un changement d’emploi. Alors, c’est davantage le fait que la situation diffère qui déstabilise. C’est un chemin vers une nouveauté, qui peut s’avérer difficile, certes, mais c’est une voie d’apprentissage et d’évolution qui nous permet de donner le meilleur de nous-mêmes. Un autre emploi est souvent synonyme de vie meilleure.

– Cela peut mener à une période de chômage. Ce n’est pas tellement l’emploi, mais davantage ce qu’il représentait, que nous peinons à quitter : reconnaissance sociale, utilité de notre vie, capacité à faire des choses.

– C’est peut-être que l’on a atteint l’âge de la retraite. Si l’on n’accepte pas ce moment, c’est davantage notre jeunesse et ce qu’elle représente, que nous regrettons. Comprendre que nous abordons une autre étape de la vie est primordial pour pouvoir le faire dans des conditions favorables. Et vivre une retraite heureuse. En ce qui me concerne, cependant, je trouve que le mot « retraite » n’est pas du tout approprié…

Faire son deuil d’un lieu

Lors d’un déménagement, par exemple. Parfois nous nous attachons à des lieux pour ce qu’ils représentent : une maison, le patrimoine, un village, des amis, des relations sociales… Un déménagement est toujours une étape importante dans la vie, source de stress, de difficultés, de réflexion, parfois de mal-être.

Parvenir à se détacher du lieu que l’on quitte représente forcément un travail à faire dans notre tête et dans notre cœur. Il sera d’autant plus efficace si le déménagement a été préparé à l’avance, les choses bien anticipées, et si l’on prend vite l’habitude de retrouver des liens sociaux dans notre nouveau lieu de vie.

Faire son deuil d’une personne lors d'une séparation

En cas de séparation, il est important de reconnaître la fin de la relation. Pour l’accepter, nous devons permettre à nos émotions de se manifester.

Bien des solutions s’offrent à nous, et il faut éviter de s’isoler. Donnons-nous la possibilité

  • d’exprimer que nous avons eu un choc,
  • de parler de notre tristesse à des membres de notre famille.
  • d’accepter la colère ou la confusion qui nous animent,
  • de prendre conscience de notre déception, pour nous adapter à cette nouvelle réalité.

Alors qu’on a souvent l’envie de se retirer de toute activité, de tout lien social, il faut éviter l’isolement après une rupture. Il est bon de trouver des activités à faire en société, afin de se sentir connecté aux autres.

On peut aussi exprimer ses pensées et ses sentiments dans un journal.

Il faut penser à prendre soin de soi, physiquement, mentalement, émotionnellement. On peut consulter un personnel de santé, un psychologue, un thérapeute qui nous apportera du soutien.

Il faut aussi essayer de trouver des activités qui apportent du plaisir et de la détente.

Souvent il y a des changements importants dans ces moments-là. Le quotidien est transformé. Explorer de nouveaux intérêts, respecter ses besoins émotionnels et développer son estime de soi seront de bonnes solutions. Prendre de la distance, éviter de revisiter les souvenirs douloureux, fuir les comportements qui nous font du mal.

Une rupture est souvent une occasion d’apprendre de se connaître davantage personnellement. Quelles leçons tirons-nous de la relation, de la rupture ? Il va falloir les utiliser pour nous épanouir par la suite.

Accepter que le deuil de cette relation prenne du temps.

Guérir d’une relation et se reconstruire ne peut pas se faire en un jour.

Faire son deuil d’une personne disparue, qui nous était chère

C’est le deuil le plus difficile que nous ayons à faire. Perdre une personne qui était chère à notre cœur est une expérience très éprouvante. L’immensité de notre chagrin dépend forcément de nous-même. Mais bien sûr, c’est encore pire dans le cas d’une personne jeune.

Si la personne était âgée, nous aurons tendance à nous dire que le décès est dans l’ordre des choses. Il est important de se rappeler les moments précieux que nous avons partagés avec elle. De réfléchir à la manière dont elle a contribué à façonner la personne que nous sommes aujourd’hui. L’impact qu’elle a eu sur notre vie, les souvenirs qu’elle nous a laissés. Cette réflexion peut nous conduire à prendre conscience que nous souhaiterions perpétuer ce qu’elle nous a laissé. Nous pouvons nous impliquer dans des activités qui étaient importantes pour elle.

Par contre, le décès d’un enfant ou de quelqu’un de très jeune est inacceptable. Nous en garderons des traces pendant très longtemps, toujours, sans doute. Il sera difficile d’accepter l’injustice de la situation. Nous allons ressentir de la colère, de l’incompréhension face à cette perte. Acceptons de ressentir ces émotions et d’exprimer nos pensées. Trouver des façons significatives de rendre hommage à cette personne, organiser un événement commémoratif, créer un album souvenir sont des solutions qui peuvent permettre de maintenir vivante cette personne dans notre cœur.

La situation diffère s’il agit d’un décès prévisible dû à une longue maladie, par exemple, ou d’un décès subit et accidentel. Le choc et la douleur ressentis seront plus intenses s’il s’agit d’un décès subit ou accidentel. Ce deuil peut être particulièrement complexe, parce qu’on ne s’est jamais préparé à une telle perte. Il faut apprendre à être patient avec nous-mêmes, et accepter qu’il faut du temps.

Si c’était un décès prévisible, par exemple dû à une longue maladie, on a eu davantage de temps de nous préparer et donc nos sentiments sont en général plus mitigés. Nous pouvons ressentir à la fois du soulagement et de la tristesse, c’est notre droit, acceptons-le.

Il n’y a pas de mauvais ou de bon chemin. Le chemin qui nous convient est celui qui est bon pour nous.  

 

Les différentes étapes pour faire son deuil

Nous commençons par ressentir un choc intense, quelques secondes plus tard un refus vient nous envahir, le déni qui fait ensuite place à la colère contre la vie, contre l’existence et tout ce qu’elle suppose d’épreuves. Peu à peu nous prenons conscience de notre tristesse. Au moment où nous prenons conscience, dans notre tête, que nous n’avons pas d’autre solution que d’accepter les choses, c’est la résignation. Ensuite, notre cœur, nos sentiments prennent le relais : c’est le début de l’acceptation de la nouvelle situation. Il faudra ensuite travailler à notre reconstruction.

Chacune de ces étapes est complexe et différente pour chaque personne. Nous ne vivons pas la disparition d’un proche de la même façon que les autres personnes de notre famille ou de notre entourage. Chacun de nous a ses réactions, qui dépendent de ce que nous avons vécu avec la personne défunte.

Faire le deuil d’une personne qui nous était chère sans qu’elle nous soit très proche sera sans doute plus rapide, parce que l’acceptation se fera plus facilement.

La nécessité de faire son deuil

Quelle que soit la situation, il est très important de faire son deuil, en particulier lorsqu’il s’agit d’un décès. Il me semble absolument indispensable de prendre le temps d’avoir du chagrin, volontairement, en conscience, patiemment, de manière à améliorer peu à peu ses émotions, et par là-même son quotidien. De manière à se sentir mieux, il faut apprendre à vivre la nouvelle situation tout en conscience.

Les différentes façons de faire son deuil

Je ne dis pas qu’il faut faire son deuil comme auparavant, en portant des vêtements spécifiques, ou d’une couleur foncée, pendant une période déterminée. Même si ceci peut être utile, c’est loin d’être l’essentiel.

Cependant, le fait que ces coutumes aient été  respectées pendant longtemps dans la culture populaire, obligeait les personnes concernées par la disparition d’un proche ou d’un ami, à penser quotidiennement à leur chagrin et à se donner du temps pour accepter les choses.

Malheureusement, chez beaucoup de personnes, cette réflexion n’a plus lieu aujourd’hui, et cela contribue probablement à leur mal-être.

Accepter ses pleurs

Lorsque le chagrin arrive, il faut accepter ce moment, verser les larmes qui viennent les laisser venir, ne pas les refouler. Il peut être utile de se mettre un instant à l’écart pour cela. Ne pas hésiter à le faire. C’est essentiel pour notre reconstruction.

Se concentrer et prendre conscience de ce que l'on ressent

Si ce sont plutôt des pensées négatives qui viennent à l’esprit, il est important de se concentrer, de les accepter, d’en prendre conscience pour ne pas se laisser dépasser. Il faut les accueillir, le cœur et le corps en ont besoin.

Non seulement il est bon et important d’accepter nos émotions, mais il faut aussi savoir mettre un mot sur ce que l’on ressent. Est-ce seulement le chagrin, la colère, les regrets ? Se poser la question : je suis en train de faire mon deuil : où en suis-je ?

Organiser un petit rituel, éventuellement devant un petit autel commémoratif

On peut établir un petit rituel quotidien pour un recueillement : par exemple une bougie allumée à heure fixe, dans un lieu précis qui sera le même chaque jour. Cela peut se faire dans la pénombre, ce qui évite davantage toute distraction visuelle. On prend alors moment pour soi – un moment pour penser à la personne ou à ce qui s’est passé, un moment pour cultiver ce lien d’amour avec cette personne pendant qu’elle était vivante. Il n’est pas nécessaire que ce moment soit long : quelques minutes peuvent suffire pour se centrer, dire son amour, être avec soi-même, accepter.

Écrire

On peut écrire, par exemple

– un journal intime,

  • des lettres à la personne décédée (que l’on peut brûler par la suite, ce qui représenterait notre libération et la transmission de nos pensées),
  • le récit des souvenirs,
  • de la poésie,
  • de l’écriture créative,
  • les phrases de gratitude,
  • des affirmation positives pour nous encourager et prendre soin de nous-mêmes.

Faire des vœux ou prier pour la personne et/ou se centrer sur sa respiration

On peut trouver un moment pour exprimer notre spiritualité, prier pour la personne, méditer.

On peut penser aussi à utiliser des méthodes qui détendent : respiration de pleine conscience et méditation, cohérence cardiaque, etc. Maintes possibilités de retrouver de l’apaisement.

Planter un arbre ou un petit jardin

Cette activité au contact de la nature apporte de l’apaisement, rappelle la personne. Prendre soin de ces végétaux plantés dans notre terrain ou dans un lieu spécial, les voir grandir peut permettre, si c’est important pour soi, de garder présents les souvenirs que nous avons de la personne disparue.

Faire un album de souvenirs

On peut prendre du temps pour élaborer un album ou faire du Scrapbooking contenant des photos, des écrits, des objets significatifs, pour se plonger ensuite dans ses souvenirs et pour les revisiter lorsqu’on en ressent le besoin.

Faire son deuil ; et ensuite ?

Une fois ce temps nécessaire passé, on se rend compte que l’on a fini de faire son deuil, parce que, par exemple nous apprécions à nouveau, en conscience, toutes les saveurs de la vie.

Rappelons-nous toujours que, même si la personne a disparu, les liens d’amour  que nous avons entretenus avec elle  demeurent.

Vous pouvez lire un exemple de réadaptation d’un enfant après la disparition  d’un être cher,  dans mon roman Un cri dans les roseaux.

Je raconte l’histoire vraie de Jo, un de mes anciens élèves, qui, tout petit, avait dû accepter ce coup du sort.

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